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Le chalet, une habitation ingénieuse

La chalet, une habitation ingénieuse

L’authenticité du village de montagne du Grand-Bornand tient en grande partie à la préservation d’un habitat traditionnel, représenté par un des symboles des Alpes, communément appelé le « chalet » par le plus grand nombre mais les habitants parlent de « maison » ! En effet, le terme de chalet est couramment utilisé depuis Henry Jacques Le Même, architecte français et concepteur des maisons du skieur à Megève sur le modèle des « chalets suisses » (depuis le début des années 30), pour de nouvelles constructions s’inspirant de l’ancien en reprenant ses codes de construction.

La valeur de ce patrimoine bâti s’est forgé au fil du temps par la volonté des habitants et des pouvoirs publics de perpétuer ce savoir-faire tout en le faisant évoluer pour répondre aux aspirations de notre époque alliant traditions et modernité.

Sa construction

L’habitat est un révélateur essentiel des modes de vie, des conditions géographiques, mais aussi des activités et de l’histoire sociale d’une population propres à chaque lieu. Le chalet du Grand-Bornand est donc unique et répond à des règles précises de fabrication.

« L’usage commande la forme ». L’objectif n’était pas d’afficher en façade son niveau social, d’où une forte unité villageoise, mais d’être fonctionnel (seule la taille de la maison pouvait donner une indication de richesse). Le chalet devait répondre aux impératifs d’ordre climatiques, géographiques et liés à l’activité agro-pastorale, c’est ainsi que l’on retrouve sous le même toit hommes, bêtes et récoltes.

L’emplacement n’est pas non plus le fruit du hasard : source d’eau, exposition, abondance d’herbe, risques d’avalanches, glissements de terrain, ruissellement, sont autant de critères pris en compte.

La pente est aussi une donnée majeure pour son implantation et l’organisation des entrées de la maison.

Le bois des sapins (épicéas) et la pierre (pour le soubassement), ressources naturelles à disposition en proximité, sont les uniques matériaux utilisés pour sa construction.

Différents niveaux sont creusés dans le terrain pour organiser les niveaux de la maison.

La pierre, peu sensible au feu et à l’humidité, est utilisée pour construire les murs de soutènement (d’environ 70 cm d’épaisseur), les sols et les murs recevant le foyer (feu).

Les parois, d’une épaisseur de 13 à 28 cm (en fonction de l’ancienneté et de l’altitude) sont construites avec un empilement de madriers, appelés « maïres », assemblés à chaque angle par des entailles, les « cozges ». Une mousse, lavée et séchée, assure l’étanchéité entre les madriers et des pièces de bois verticales, les « liures » (liens), ainsi que des chevilles de bois maintiennent les parois.

La charpente doit être solide pour résister au poids de la neige et un pilier central, « la pointe d’âne », qui fait jusqu’à 70 cm d’épaisseur, en est la pièce maîtresse. Ce pilier traverse toute la maison et deux arbalétriers, les « bras d’âne » partent du sommet de ce pilier et reposent sur les parois latérales.

L'agencement de la maison

L’devant d’la maison ou « d’vant de l’outa »

Le devant de la maison est l’entrée commune aux gens et aux bêtes (accès aux écuries).
Un bassin, le « basché » est souvent installé contre le mur en pierre en haut de la maison.
Entre l’entrée du logement et l’entrée de l’écurie des vaches, il y a « la gaine à la jument », une gaine de bois qui conduit directement le fourrage de la grange à l’étable du cheval.

La Cozna

Une fois le corridor franchi, voici la cuisine qui dessert l’ensemble de l’habitation. À l’origine, elle était la seule pièce chauffée avec, avant l’arrivée du fourneau, un feu qui se faisait à même le sol sur une dalle de pierre, « l’assi ». Une potence permettait de faire chauffer les repas dans des chaudrons et autres marmites.

Adossé au seul mur en dur de l’habitation de faible épaisseur, la « ponadmue », le foyer permettait de chauffer la pièce d’à côté, le peille.

Dans l’épaisseur de ce mur se trouve le « findri », un cendrier permettant de maintenir les aliments au chaud et de stocker les cendres qui serviront au printemps pour la grande lessive, la « grande boille ».

Au dessus du foyer s’élève la cheminée en bois avec à son sommet un couvercle, le « charfio » permettant de régler le tirage et de se protéger de la neige et de la pluie. La cheminée sert également au fumage de la viande.

Bien que chauffée, la cuisine reste une pièce froide qui n’est utilisée que pour les repas.

De simples étagères, le « marti », ou meuble qui faisait armoire et table à la fois, souvent fabriqués par les habitants, à la création sur mesure d’un meuble par les premiers menuisiers, appelé la crédence, le mobilier et les ustensiles ont évolués au fil du temps pour apporter plus de confort.

Le « bao à les vaches » et le « bao d’amo »

Accessible depuis l’extérieur et depuis la cuisine, le « bao à les vaches » (l’écurie) permettait d’accueillir 10 à 12 vaches. De plafond assez bas, cette pièce restait relativement chaude. Près de la fenêtre, un endroit, « le coin à codire », toujours propre, était aménagé avec deux bancs se faisant face (dont un est appelé « banc à codire ») pour se retrouver en famille à la veillée tout en surveillant le troupeau.

Le « bao d’amo » (l’écurie d’amont) abritait le petit bétail ou servait de débarras. Une cave, pouvant servir de cave à reblochons, est installée au fond.

La grange

Elle s’étend sur toute la superficie de la maison et on y accède de plain-pied en raison de la pente du terrain.

Elle se divise en trois parties :

  • l »oëtre » pour le battage et l’engrangement de la moisson
  • le « soli » (fenil), aire de stockage du foin
  • les solarets qui entourent la grange, abrités et aérés, ils servent au séchage des foins.

Pour compléter le volume de stockage du foin, de petites granges se trouvent également au milieu des prés de fauche.

L’étable et les caves

Dans le soubassement, se trouve l’étable du cheval ainsi que plusieurs caves :

  • la cave à reblochons, avec en avant de celle-ci, quelques moutons parqués pour assurer la température permettant un bon affinage du fromage.
  • une autre cave , le « farto » permet de stocker des pommes de terre.

Le grenier

Petit bâtiment tout près de la maison, protégé du vent, de l’humidité, hermétique mais aéré, il abrite les réserves alimentaires ainsi que les richesses de la famille (costumes, papiers, bijoux,…), dans un souci de protection contre le feu, l’humidité et les rongeurs.

Au gré de vos balades, vous pourrez ainsi découvrir et décrypter les quelques 400 chalets pour la plupart bicentenaires dont le plus vieux date de 1664.

Pour en apprendre plus,

Lors de votre prochain séjour, ne manquez surtout pas la visite de la Maison du Patrimoine, maison traditionnelle du Grand-Bornand de 1830, restaurée et meublée. Elle permet de découvrir la vie quotidienne d’autrefois et l’architecture en bois spécifique à la région Bornes-Aravis. Musée protégé au titre des Monuments Historiques depuis 2007.

Le Grand-Bornand - #MaisonduPatrimoine
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