Le Grand-Bornand Versant Durable selon Georges Missilier

GEORGES MISSILLIER
montagnard bornandin


LA PERMANENCE DU CADRE, SOURCE D’UN POSSIBLE RETOUR À « L’ESPRIT DE CORDÉE » ?

Ne dit-on pas que la montagne est une très bonne école de l’adaptation ?

À la question de ce qu’évoque, à mon sens, la montagne, je répondrais d’abord les liens tissés lors d’une ascension, d’une classe de neige ou d’une randonnée nordique... Je vois également la montagne comme une école de vie, à l’heure où l’évolution des choses nous bouscule : mondialisation, emprise de l’informatique et des réseaux sociaux... autant de bouleversements après lesquels nous courons, sans prendre le temps nécessaire de leur compréhension. Nous n’avons en effet jamais disposé d’autant de moyens, mais le calme et la sérénité ne sont plus au rendez-vous. Ce bond en avant ne semble pas procurer davantage de chaleur dans les relations humaines. Aussi, me dis-je souvent en moi-même : quelle chance nous avons, au Grand-Bornand, d’avoir été choyés par dame Nature.
  • la chaîne des Aravis en hiver - © D. Machet
  • la chaîne des Aravis en été - © C. Hudry
Qui peut imaginer, en se posant simplement face au clocher sur fond de chaîne des Aravis, le nombre de voyageurs de passage dans notre vallée, à se laisser encore régulièrement surprendre par cette vision ? Réalisent-ils seulement que nous bénéficions, sans frais, d’un écran panoramique mis à jour en permanence ?

Au premier regard comme au centième, cette chaîne ne laisse jamais indifférent. Nous restons le plus souvent admiratifs devant l’harmonie de la ligne de crête, devant l’équilibre des différents étages – prairies, forêts, étage alpin... – et face au modelage varié de ses combes ; cachet de notre village, barrière de notre horizon, dont les lignes changent au gré de son éclairage et de son habit de saison.

Ces seuls moments, ces temps d’observation ne constituent-ils pas, au final et à leur degré, autant de « versants durables » ? Et l’attrait de la montagne, son éternelle magie, la source d’un possible retour à l’essentiel : cet « esprit de cordée » salvateur qui manque au monde d’aujourd’hui ?